A la question de la relation entre le niveau de vie et l’impact écologique, la réponse semble assez simple de prime abord. L’ impact environnemental des pays riches est bien plus important que celui des pays pauvres.

Les pays en développement posent d’ailleurs un problème écologique car leur consommation augmente au rythme de leur niveau de vie, et il en va de même pour leur empreinte écologique. L’amélioration du niveau de vie de la Chine, par exemple, entraîne un accroissement de tous types de pollutions : CO2, énergie, etc. Sur ce point, tout le monde est d’accord.

Mais qu’en est-il de l’impact environnemental à l’échelle des individus ? Les consommateurs  « écolos » ont-il réellement une consommation plus durable ? Comment faire pour diminuer effectivement son impact environnemental ?

  • Les plus aisés ont-ils un impact environnemental plus faible ?

Ce qui est évident à l’échelle mondiale, l’est beaucoup moins au niveau de la population d’un pays. On constate par exemple le phénomène de « bobos» (même si je n’aime pas le terme) qui appartiennent aux classes aisées de la population et se présentent comme les plus écologiques : ils mangent bio, trient leurs déchets, consomment écoresponsable, prônent le commerce équitable, etc.

On observe aussi que, selon les médias, les populations dites « écologiques » font en général partie des classes les plus élevées : ils construisent des maisons basses consommations (disposant généralement de grande surface pour peu d’habitants), sont très respectueux de la nature et sont souvent en opposition avec les classes sociales les plus pauvres qui ne feraient pas d’effort pour réduire leur volume de déchets, ne mangeraient pas bio, etc.

Alors qu’en est-il : les pays riches seraient-ils des pays qui polluent alors qu’une population riche serait « écolo » ?

  • Les produits chers ont un impact environnemental plus élevé

Pour mieux comprendre, décortiquons (de façon simplifiée) le coût d’un produit acheté. Le prix d’un produit de grande consommation (par exemple une voiture) est composé d’une part matière et d’une part énergie représentent généralement en moyenne entre 50 et 80% du prix, en dehors des marges.

Ces deux éléments ont un impact environnemental direct : le coût de la main d’œuvre engendre lui aussi un impact écologique lié au mode de vie du travailleur. En effet, grâce à sa rémunération, ce dernier consomme et sa consommation engendre un impact sur l’environnement. La marges comprend également les impacts liés à la façon dont elles vont être utilisées.

On constate que dans un marché fortement concurrentiel, où la marge ne peut être augmentée, le prix d’un produit et son impact écologique sont étroitement liés car les dépenses réalisées pour le fabriquer correspondent aux consommations d’énergies, de matières premières, etc.

Ceci est vrai pour la plupart des produits que nous consommons : le téléphone portable, la croisière, le voyage en avion, l’achat d’une habitation, la nourriture,…

  • Des produits écoresponsables pas si écolo

Voici plusieurs exemples de produits apparemment écologiques mais dont l’impact environnemental n’est en réalité pas négligeable.

  • Le quinoa est une céréale à la mode pour ses vertus nutritionnelles (il est notamment sans gluten) mais aussi car il est généralement associé au commerce équitable.

Son coût est élevé car le quinoa est principalement exploité en Amérique du Sud, nécessitant des transports importants pour être acheminé vers l’Europe et avec un impact écologique important sur l’augmentation des cultures de façon intensive pratiquée au Pérou. Le bilan écologique n’est pas très bon, le bilan social non plus : le succès de cette céréale en Europe a engendré une hausse de son prix et le quinoa coûte désormais trop cher pour les locaux.

Les agriculteurs français ayant compris que la culture du quinoa peut être très rentable, la production en France est de plus en plus importante. Or, d’autres aliments sans gluten cultivés en France existent ayant eux aussi des valeurs nutritionnelles importantes, comme les lentilles (filière qui aurait besoin de plus de consommation), le maïs, et bien d’autres.

  • Un autre exemple, celui des voitures électriques : localement, c’est-à-dire en ville, la pollution est diminuée, mais de façon générale, c’est moins sur.

En effet, la production reste de plus faible quantité, donc les investissements de fabrication étant les mêmes qu’une autre voiture, l’impact à la fabrication est plus important. Celui-ci baissera si la production augmente. Les batteries posent un problème car leur durée de vie est limitée (la charge tient de moins en moins) et leur recyclage n’est pas assuré. De plus, les ressources utilisées risquent de manquer (lithium, métaux rares). Enfin, l’énergie électrique doit être produite et nécessite de faire des installations (centrales nucléaires, hydroélectriques, éoliennes, panneaux solaires, nouveaux barrages) qui ont un impact non négligeable. En revanche, le bilan social est positif : l’énergie est produite en France au lieu d’importer du pétrole, des emplois sont créés sur le territoire, et la pollution se trouve diminuée en ville.

On peut aussi espérer que la science permettra, dans un futur proche, d’avoir des batteries plus performantes avec un recyclage efficace.

Ainsi, les produits de consommation onéreux et donc souvent destinés à une population aisée, semblent avoir, à première vue, des bénéfices sur l’environnement. Une analyse globale révèle des impacts environnementaux non négligeables.

  • Les plus aisés peuvent diminuer leur impact environnemental

On comprend alors que plus on consomme, plus notre empreinte écologique est importante : les classes sociales les plus élevés sont les plus polluantes. Ceci ne veut pas dire que nous ne pouvons rien faire pour diminuer cet impact, bien au contraire : les classes supérieures sont celles qui peuvent réduire le plus leurs impacts.

Cependant, il ne faut pas se tromper : acheter des produits chers revient souvent à augmenter son empreinte écologique. Le fait que les personnes aisées se sentent impliquées est une très bonne chose, mais il ne faut pas négliger certains impacts. Les croisières et les transports aériens sont en forte augmentation, or ils ont un fort impact écologique. Et que dire des biens électroniques ?

On comprend que certains économistes prônent la décroissance, mais notre consommation est aussi sociale et économique. Peut-on empêcher que les gens veuillent vivre de mieux en mieux ? La décroissance pour qui ? Si c’est pour les classes les plus riches seulement, cela équivaut à diminuer les différences sociales.

D’où l’importance des solutions qui sont en train de se mettre en place; il faut que l’on baisse nos consommations d’énergies, et donc des actions telles que : isoler les bâtiments, utiliser des voitures qui consomment moins, sont primordiales. Pour diminuer nos consommations de matières premières, le recyclage doit être accentué : il n’est pas normal que l’on continue à enfouir des déchets, alors que ce sont nos richesses de demain.

 

En définitive, nous pouvons constater une prise de conscience importante pour notre environnement dans nos sociétés. C’est un mouvement intéressant et important, car tout commence par des prises de conscience. Ce mouvement entraîne des bouleversements dans notre société qui ne peuvent être que positifs. Mais il faut mieux informer les gens afin qu’ils acquièrent une culture écologique qui corresponde à la réalité, au-delà du « Greenwashing » ambiant. Je pense que les scientifiques et les médias ont une grande responsabilité dans ce sens.

Enfin, je pense que les industriels ont un rôle majeur à jouer, pour être plus transparents, et aussi trouver des solutions intelligentes pour améliorer les produits et relever ce grand défi de l’avenir.